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Modibo Keita
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Modibo Keita "Une épine dans le pied du colonisateur " Mamadou Konaté est élu président de l'U.S.R.D.A. C'était un homme respecté, intellectuellement intègre et d'une grande sagesse. Modibo Keita, lui, devient secrétaire général du parti. De retour à son poste d'instituteur à Sikasso, Modibo Keita va mener sur le terrain une lutte politique qui va lui attirer les foudres de l'administration coloniale. Parlant de Modibo Keita, le gouverneur français Louveau disait : «Un illuminé intelligent, que j'estime dangereux. Le directeur du cours des moniteurs de Sikasso a réussi à avoir une autorité quasi absolue, un ascendant personnel incontestable sur les anciens tirailleurs, sur une partie des fonctionnaires et sur une portion importante de la population. ... Modibo Keita emploie cet ascendant à désagréger les chefferies indigènes et à combattre par tous les moyens l'autorité de l'administration française ... Continuellement, il provoque ou exploite des incidents pour diminuer l'autorité de notre administration.» DEUX "GRANDS" MILITANTS NATIONALISTES DU RDA LE RIVAL POLITIQUE CONTRE L'ARRESTATION DE M. KEITA Dans une lettre adressée au Président du Conseil et datée du 27/02/1947, le député du Soudan Mamadou Konaté proteste contre l’arrestation et la condamnation à six mois de prison* de Modibo Keita par l’administration coloniale française. Dans cette lettre M. Konaté justifie les actes de M. Keita qui, selon lui, ne fait que défendre les populations contre les violations de la loi du 6 Avril 1946 qui mettait fin au travail obligatoire des africains. Ces violations étant commises par les « chefs de cantons » avec la complicité de l’administration coloniale. * Modibo Keita sera finalement incarcéré pendant 20 jours à la prison de la Santé à Paris. Mais ni la mutation de Sikasso à Kabara, ni la prison (à "la Santé") n'entamèrent la détermination et la popularité grandissante du secrétaire générale de l'U.S-R.D.A. Grâce à leur ténacité et à leurs connaissances du terrain et des lois, des militants nationalistes de l'U.S-R.D.A. résistèrent victorieusement à la répression coloniale. Ainsi, la militante Aoua Keita, empêcha l'administration coloniale d'influer sur les élections de 1951 à Gao. Cette sage-femme, éveilleuse de conscience, fut déclassée et affectée en Casamence. Malgré ces brimades , elle poursuivit, son activisme politique et syndical et influencera plusieurs générations d'Africaines. Après la loi cadre ou "loi Gaston de Defferre" les événements vont se précipiter. Le R.D.A. est devenu une force incontournable grâce à la valeur de ses militants et à ses succès électoraux. La marche des africains vers l'indépendance ne s'arrêtera plus. Modibo Keita et l'U.S.R.D.A. avaient un souci : la balkanisation de l'Afrique. Pour eux, il fallait faire l'unité africaine et former ainsi une grande entité face à l'Europe impérialiste et l'Amérique capitaliste. Modibo Keita exprime sa foi en l'unité africaine Au troisième congrès du R.D.A. Modibo reçu les congressistes venus des différents pays de l'A.O.F.(Afrique Occidentale Française), en ces termes : « C'est à Bamako, au cœur du Soudan, que le R.D.A. a vu le jour en octobre 1946 alors que les forces réactionnaires bousculées par le souffle libérateur de la fin de la guerre , essaient de reprendre pied pour nous frustrer des libertés chèrement acquises avec notre large participation » "OUI" pour une indépendance dans une union confédérale. Penchant pour les thèses fédéralistes du leader nigérien Bakary Djibo qui préconise « une indépendance dans une union confédérale d'États souverains réunis autour de la France », Modibo Keita appellera à voter "OUI" lors du référendum de 1958, au nom de l'unité africaine. La réalisation de la fédération du Mali était l'aboutissement d'un rêve panafricaniste : Au départ il s'agissait de fédérer le plus grand nombre de territoire de l'A.O.F. La Côte d'Ivoire et le Niger (qui n'avait plus à sa tête Bakary Djibo) étaient antifédéralistes et étaient donc exclus. La Guinée était déjà indépendante (elle a répondu non au référendum). Il restait : le Sénégal, le Soudan, le Dahomey la Haute Volta et la Mauritanie. Modibo Keita se réconcilie avec L. S. Senghor le senegalais L. S. Senghor le senegalais Finalement l'union se fera à deux : Soudan et Sénégal. Malheureusement, ce chef d'œuvre pionnier du panafricanisme qui souleva des espoirs immenses partout en Afrique et dans le monde ne durera pas longtemps. Parmi les causes nombreuses de l'éclatement de la Fédération du Mali, on peut retenir, la divergence de conception politique et économique. Léopold Sédar Senghor était partisan du maintien des relations étroites avec l'ancien colonisateur tandis que Modibo Keita envisageait une africanisation accélérée des cadres et avait une position plus radicale. Le 23 août 1960 Senghor déclarait : « La colonisation a été plus brutale, plus dure au Soudan qu'au Sénégal. D'où un certain radicalisme soudanais...» Modibo Keita de son côté, affirmait : « Nous avons pendant longtemps violé notre conscience en travaillant avec Senghor. Nous ne pouvions continuer sur cette voie. ...» Modibo Keita parle de ses ambitions L'éclatement de la fédération du Mali fut une grande déception. Le Soudan va accéder à l'indépendance sous le nom de "Mali" et la quête de l'unité africaine va continuer : Signalons la participation du Mali à la création duComité inter-Etats qui va devenir l'Organisation des Etats riverains du fleuve Sénégal puis, OMVS On se souvient aussi, de la fameuse union Ghana-Guinée-Mali : en Mai 1961, Le Guinéen Sékou Touré, le Ghanéen N’Krumah et le Malien Modibo Keita créent une Union des États africains« progressistes ». Un sommet réunissant les trois chefs d’État se tient en décembre à Conakry pour dénoncer la situation dans l’ancien Congo belge. Ces trois pays vont créer, avec l’Égypte de Nasser et le Maroc de Mohammed V, le « groupe de Casablanca » qui soutient le FLN algérien et s’oppose aux essais nucléaires français réalisés dans le Sahara. Modibo Keita jouera un rôle de premier plan à la signature de la charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (O.U.A.) à Addis Abeba le 25 mai 1963 ( Un grand nombre des recommandations de cette charte était d'inspiration malienne ). Au service de cette unité africaine, Modibo Keita ne ménagera aucun effort pour résoudre les crises entre des pays voisins : C'est ainsi que les 29 et 30 octobre 1963 il reçoit, à Bamako, le roi du Maroc, le président algérien et l'empereur d'Éthiopie ( alors président de l'O.U.A) pour mettre fin à la "guerre des sables" (conflit frontalier entre l'Algérie et le Maroc) : L'O.U.A venait alors de franchir sa première crise. MODIBO KEITA OBTIENT UN CESSEZ-LE-FEU ENTRE L'ALGÉRIE ET LE MAROC A LA CONFÉRENCE DE BAMAKO : Avant l’intervention de Modibo Keita, il y eu plusieurs tentatives de négociation infructueuses entre l’Algérie et le Maroc : • Le président tunisien, Habib Bourguiba, le premier, tente, en vain, d'établir un dialogue entre les belligérants. • Du 15 au 17 octobre 1963, l'empereur éthiopien Hailé Sélassié, alors président de l'OUA, échoue dans sa tentative de médiation à Marrakech. • L’appelle de Gamal Abdel Nasser, président de la République arabe unie pour un sommet nord-africain n’aura pas plus de succès. • L’offre de médiation, lancée par la Ligue arabe, est également rejetée. Modibo Keita, au sujet de la conférence de Bamako sur le conflit frontalier entre l'Algérie et le Maroc Modibo Keita reçoit le roi Hassan II du Maroc qui vient participer à la conférence de Bamako avec le président algérien Ben Bella et l'empereur éthiopien Hailé Sélassié. Ben Bella et Hassan II signent un cessez-le-feu sous les yeux de Modibo Keita. SUITE retour |
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